Grenoble est ma passion. Et j’ai aimé ces dix-neuf années passées à la tête de la ville. Au cours des derniers mois de mon mandat, j’ai eu à maintes reprises l’occasion de revenir sur leurs temps forts. Mais le 7 avril 2014, lors de la passation des pouvoirs du maire devant le monument aux Morts, alors que résonnaient le Chant des partisans puis la Marseillaise dans le parc Paul-Mistral, c’est surtout au moment où la responsabilité de devenir le maire de Grenoble m’avait été confiée que je pensais avec émotion. Une belle et grande tâche, qui appelle à prendre le recul nécessaire à l’entendement de l’Histoire. De la Révolution à la Résistance, de la houille blanche à la puce électronique, femmes et hommes politiques, nous avons été des acteurs de cette Histoire, mais nous en sommes aussi ses héritiers. J’ai toujours défendu et appliqué cette vision de l’action publique. De cet héritage, Grenoble a su tirer une qualité : celle d’être une ville qui innove. Du « Parler Bambin » aux lignes de lumière du Synchrotron, du premier tramway de l’ère moderne au premier écoquartier de France, elle a toujours gardé ce temps d’avance ! Il va de soi que je partage ces avancées avec mes équipes municipales. Seul, un maire ne peut rien faire. J’ai été maire jusqu’au dernier jour de mon mandat, maire présent, le plus actif possible, au service de tous les Grenoblois. Je compte désormais aider à l’écriture des nouvelles pages de l’histoire de notre ville. Une ville que j’aurai contribué, avec bien d’autres, à faire évoluer afin qu’elle devienne ce qu’elle est aujourd’hui et qu’elle ait les moyens de construire son avenir de métropole. Trois mandats qui resteront un grand moment de ma vie. Trois mandats qui ont contribué à une véritable métamorphose de Grenoble. En 1995, on m’attendait sur les fronts scientifique, technologique, universitaire et économique, dans la continuité de mon engagement professionnel. On m’y a trouvé, bien sûr : pas question de tourner le dos à mon histoire. Mais ce sont les quartiers sud, à travers leur renouvellement urbain et social, et l’objectif de réduction des inégalités sociales, qui ont été ma priorité dès le début de mon premier mandat. On imaginait aussi que, pour panser les plaies ouvertes dans la ville par mon prédécesseur, il faudrait se concentrer sur la politique grenoblo-grenobloise. L’image de notre ville avait été gravement entachée, avec un maire condamné par la justice pour corruption. Avec toute mon équipe, nous nous sommes employés à redresser la barre, à apurer les comptes alors en lourd déficit, à reintroduire des règles de droit dans le fonctionnement municipal. Nous avons lancé une grande politique de petits travaux dans toute la ville. Et puis, en réponse aux injonctions de la Chambre régionale des comptes et en application de notre engagement de campagne électorale, nous avons mis en oeuvre le retour de la distribution de l’eau dans le giron municipal. C’était là une affaire très sensible à Grenoble. Déjà aux élections municipales de 1965, les difficultés d’accès à l’eau potable de tous les logements de la ville avaient joué un rôle non négligeable dans la défaite d’Albert Michallon et la victoire d’Hubert Dubedout, qui sera maire de Grenoble de 1965 à 1983. La privatisation du marché de l’eau décidée par mon prédécesseur aura été plus tard l’objet de très fortes polémiques. Détenir une eau très pure et relativement peu chère est une chance. Chacun sait que cette situation n’est pas le lot de tous les territoires. La remunicipalisation s’imposait. Nous l’avons faite d’entrée. Cependant, je ne souhaitais pas que l’on ne se préoccupe que de « réparer » le passé. Il fallait, à mes yeux, dans le même temps lancer des projets d’avenir pour faire de Grenoble une cité toujours plus innovante, multiculturelle et ouverte sur le monde.