Introduction La crise bancaire et financière de l’automne 2008, dite des «subprimes», a accéléré l’intérêt pour la finance islamique dans le cursus des business schools. Rien que pour la France, et bien loin après la Grande­ Bretagne, on évalue à plus de 120 milliards d’euros les fonds que ce pays, qui dispose de la présence d’une population musul­mane très importante, pourrait attirer. On imagine aussi l’immense profit que représente la formation accélérée de spécialistes dans ce domaine pour l’Université française. Certains établissements ne rechignent plus à accepter aides et subventions pour proposer de nouvelles filières et promouvoir de nouveaux cursus en dépassant tous les pré­jugés et tous les partis pris. Car comment rester indiffé­rent devant tant de tentations, devant tant de séduisantes perspectives ! C’est ce qui explique la forte mobilisation des économistes pour le système bancaire prétendument divin que l’on enseigne aujourd’hui dans de nombreuses universités européennes et anglo­saxonnes. L’université de Strasbourg, pionnière en France, a été la première à lancer un diplôme universitaire dans cette discipline. L’université Paris­ Dauphine, réputée idéologiquement ultralibérale en économie, découvre brusquement tout le profit « pédagogique » à tirer d’une formation accélérée intitulée « Les principes et pratiques de la finance isla­mique », qui se présente sous la forme d’un mille­feuille composé de plusieurs volets hétéroclites. De l’aveu même de ses responsables marketing, cette nouvelle discipline s’exhibe comme suit : les étudiants commencent d’abord par maîtriser les bases de la finance classique, auxquelles sont ajoutés les essentiels, juridiques et techniques, de la finance islamique. S’ensuit une initiation à l’objet même de cette formation, c’est­-à-­dire au système bancaire islamique et à la gestion de ses actifs. À cela s’ajoute une couche de culture générale traitant du passé du capita­lisme financier, de la géopolitique du monde musulman et de la relation des religions avec l’argent. Une affaire juteuse où se rejoignent les intérêts des institutions et de leur personnel enseignant qui trouve là de nombreuses opportunités de rémunérations complémentaires comme conférenciers, consultants ou membres de conseils d’administration de banques islamiques.