« La priorité à l’école est loin de se limiter à quelques réformes techniques de l’institution scolaire. Elle interroge tout notre fonctionnement social et toutes nos options politiques. Il s’agit de savoir si l’on va se résigner à laisser le darwinisme social – relooké en idéologie du maillon faible – nous submerger, ou si l’on va s’engager dans une société ouverte, où l’on ne désespère jamais de quiconque, où l’on permet à chacun de trouver une place et de continuer à apprendre tout au long de sa vie, où l’on suscite l’intelligence individuelle et collective pour en faire le moteur de notre progrès. Plus que jamais, et selon la belle formule de Gaston Bachelard, l’enjeu est là : la société doit être faite pour l’école et non l’école pour la société. » Philippe Meirieu L’école peut-elle être encore aujourd’hui au cœur d’un projet de société ? Peut-on tenter de fonder une société qui met l’éducation au cœur de  son projet et qui soit pour autant une société démocratique ? Philippe Meirieu en appelle à l’école laïque de Jules Ferry et Ferdinand Buisson, pour laquelle la lecture et l’écriture sont un outil d’émancipation. Il suggère d’en faire aujourd’hui « un outil critique, par rapport à ceux qui font de leur parole dans les médias un outil de manipulation des esprits. Pour Philippe Meirieu, Jean Zay est le père de l’école démocratique. En se référant à la philosophie de l’éducation et à la littérature, l’auteur se penche sur le fonctionnement même de l’école et sur son organisation : « Nous avons démocratisé l’accès mais nous n’avons pas démocratisé la réussite ». Un processus qui a fait passer l’enfant du statut de « victime » d’un contexte d’inégalité des chances et de lutte des classes à celui de « coupable » de ne pas réussir là où la massification s’est opérée en produisant une école pour tous au détriment d’un droit à l’éducation pour tous. Il s’interroge sur les modalités et les finalités du système éducatif, en écho à celles d’une société qu’il perçoit comme trop narcissique, et qu’il faudrait resituer dans une démarche d’ouverture à l’altérité et à la diversité, à l’image de la démocratie…