Ces centaines de lettres, écrites presque quotidiennement au long des années 1914 à 1919, sont calligraphiées à la plume ou plus rarement au crayon, d’une écriture fi ne et serrée sur du papier à lettres de formats divers, parfois des cartes postales montrant les destructions allemandes. Aucun espace n’est perdu. Le papier est rare et cher et il faut tout remplir pour ne pas décevoir sa correspondante. Albert se plaint quand les lettres de Léa (qu’Albert a détruites au Front, comme il le lui écrit, ou qui ont disparu) sont mal remplies ou d’un format trop petit. Toutes les lettres n’ont pas été présentées. Leur contenu a été largement abrégé. L’orthographe est sûre mais la ponctuation, très sommaire, a dû être rétablie. Rambervillers, 31 juillet 1914 – Ma chère petite femme, je t’écris rapidement ces quelques lignes avant de m’allonger sur mon lit. Nous avons assez chaud et nous sommes arrivés ici vers 4 heures du soir. Je ne sais rien comme nouvelles mais je voudrais surtout savoir ce que tu deviens. C’était si triste ce départ, mais que [vienne] à la grâce de Dieu. Il n’arrivera jamais que ce qu’Il voudra, et rien ne sert de se tracasser. Aie bon espoir, et, espérant que tu es en bonne santé ainsi que la Jeanne, je t’envoie mes meilleurs baisers. Ton petit homme qui t’aime de tout son coeur. A. Viard 3e batterie 62e Rgt d’artillerie 13e Division 21e corps d’armée Il paraît que les nouvelles sont assez graves et si tu es encore à Épinal, il vaudrait peut-être mieux partir à Gruey. Tout et toujours à toi. Albert Rambervillers, 1er août – Ma bien-aimée, je crois qu’en ce moment, il est inutile de se faire des illusions et que c’est bien la guerre. Je te demande une grande confiance en Dieu, notre seul espoir ; prie pour ton petit homme qui, lui, espère bien faire tout son devoir et advienne que pourra. Embrasse pour moi notre petit trésor.