Résumé
La France – l’Europe – postcoloniale a-t-elle construit un nouveau récit national après les indépendances des colonies ? Croit-elle pouvoir revenir à la France d’avant 1830, celle des cathédrales, celle d’une République encore fragile ? La France a-t-elle réfléchi à ces centaines de millions de jeunes Afro-Méditerranéens élevés en français dans l’idée d’un pays « de la liberté », mais vivant au milieu de dictatures, de pauvreté et de guerres ? Rêve-t-elle la disparition de ces millions de jeunes Français au corps noir ou brun ? Leur effacement ? Comment ? C’est, au fond, les questions que Jean Viard nous pose dans ce petit essai « musclé » écrit après les émeutes de 2023. Pour en éviter de nouvelles dans dix ou quinze ans, il propose de sortir des leurres du langage – « immigrés » « quartiers », « politique de la ville », « crise sociale », « décivilisation »… – et de construire une France fière de ses passés, enrichie par des millions d’Afro-Méditerranéens, acteurs possibles d’un monde euro-africain lancé dans la bataille du climat.
« L’émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus » disait Martin Luther King. Voilà
une des références qui guide ce livre politique, inspiré des émeutes de juillet 2023, qui parle à
nos banlieues étrangement nommées « quartiers », relevant de la « politique de la ville »,
tous deux termes que l’auteur, Jean Viard, dénonce avec humour et irritation. Il leur substitue
« faubourgs » et exigence d’un « récit national » post colonial. Ce livre est bienfaisant à
l’heure des anathèmes contre ceux qui, sans toujours être nommés, paraissent impossible à
intégrer à certains, appelant à des referendums contre l’immigration, alimentant un combat
choquant mais aussi perdu sur l’art de faire une France solidaire et équitable, doublée d’un
projet économique nord sud tout à fait crédible.
Le retour sur les dérives de la colonisation, notamment algérienne, fonde en partie l’ouvrage,
corrélant l’impératif d’être français au rejet de la reconnaissance nationale aux descendants
des colonisés les maintenant dans une atmosphère de suspicion, de rejet de leurs « peux
brunes » et de leur religion qui n’a pas droit de cité. « Il est temps de faire une place aux
peaux brunes, musulmanes ou non, et à leurs cultures », cette double culture pouvant être un
atout majeur pour établir des liens avec le Sud, liens culturels mais surtout économiques,
féconds pour chacune des parties et permettant, cerise sur le gateau, de réduite l’immigration
car les populations du Sud trouveraient chez elles la prospérité économique qu’elles viennent
chercher dans le nord.
Impossible à résumer, l’ouvrage riche de références, de réflexions mais aussi porteur d’utopie,
évoque le rôle des marques et de l’hyperconsommation objet de désirs ; la dignité refusée aux
jeunes des banlieues comme en témoigne Cynthia Fleury ; la souffrance des femmes –
souvent cheffes de famille peu diplômées, sans permis de conduire, sans travail leur
permettant de s’intégrer, vivant hors la ville ; la meilleure réussite des filles ; …
L’utopie est avancée comme un horizon désirable car l’éternel optimiste qu’est Jean Viard, ce
qui est salutaire dans une France en déprime qui se résigne au pire. Le récit utopique aborde
tant un nouvel équilibre politique entre villes et banlieues avec un président élu au suffrage
universel, la pacification du cannabis réduisant violences et économie parallèle pour en faire
une économie à part entière, une politique novatrice vis-à-vis de l’Islam, de la jeunesse des
quartiers et une forte coopération avec les pays du Sud pour développer une économie fondée
sur l’écologie, une transformation agricole, etc. il conclue ainsi : « c’est en quittant les vieux
cadres de la civilisation et du progrès, en parlant de décivilisation comme une voie vers une
recivilisation, que le politique peut retrouver sa puissance et son utopie mobilisatrice. Avec
chacun, Noir, Blanc et Brun. Ici. »
Ariella Masboungi, revue Urbanisme
une des références qui guide ce livre politique, inspiré des émeutes de juillet 2023, qui parle à
nos banlieues étrangement nommées « quartiers », relevant de la « politique de la ville »,
tous deux termes que l’auteur, Jean Viard, dénonce avec humour et irritation. Il leur substitue
« faubourgs » et exigence d’un « récit national » post colonial. Ce livre est bienfaisant à
l’heure des anathèmes contre ceux qui, sans toujours être nommés, paraissent impossible à
intégrer à certains, appelant à des referendums contre l’immigration, alimentant un combat
choquant mais aussi perdu sur l’art de faire une France solidaire et équitable, doublée d’un
projet économique nord sud tout à fait crédible.
Le retour sur les dérives de la colonisation, notamment algérienne, fonde en partie l’ouvrage,
corrélant l’impératif d’être français au rejet de la reconnaissance nationale aux descendants
des colonisés les maintenant dans une atmosphère de suspicion, de rejet de leurs « peux
brunes » et de leur religion qui n’a pas droit de cité. « Il est temps de faire une place aux
peaux brunes, musulmanes ou non, et à leurs cultures », cette double culture pouvant être un
atout majeur pour établir des liens avec le Sud, liens culturels mais surtout économiques,
féconds pour chacune des parties et permettant, cerise sur le gateau, de réduite l’immigration
car les populations du Sud trouveraient chez elles la prospérité économique qu’elles viennent
chercher dans le nord.
Impossible à résumer, l’ouvrage riche de références, de réflexions mais aussi porteur d’utopie,
évoque le rôle des marques et de l’hyperconsommation objet de désirs ; la dignité refusée aux
jeunes des banlieues comme en témoigne Cynthia Fleury ; la souffrance des femmes –
souvent cheffes de famille peu diplômées, sans permis de conduire, sans travail leur
permettant de s’intégrer, vivant hors la ville ; la meilleure réussite des filles ; …
L’utopie est avancée comme un horizon désirable car l’éternel optimiste qu’est Jean Viard, ce
qui est salutaire dans une France en déprime qui se résigne au pire. Le récit utopique aborde
tant un nouvel équilibre politique entre villes et banlieues avec un président élu au suffrage
universel, la pacification du cannabis réduisant violences et économie parallèle pour en faire
une économie à part entière, une politique novatrice vis-à-vis de l’Islam, de la jeunesse des
quartiers et une forte coopération avec les pays du Sud pour développer une économie fondée
sur l’écologie, une transformation agricole, etc. il conclue ainsi : « c’est en quittant les vieux
cadres de la civilisation et du progrès, en parlant de décivilisation comme une voie vers une
recivilisation, que le politique peut retrouver sa puissance et son utopie mobilisatrice. Avec
chacun, Noir, Blanc et Brun. Ici. »
Ariella Masboungi, revue Urbanisme
Informations techniques
Parution : 02/02/2024 Nombre de pages : 128 Dimensions : 115 x 215 Format : En tête ISBN : 978-2-8159-5900-1 EAN : 9782815959001 Prix : 14 €Couverture à télécharger
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